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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

service du Roi, parce que ce seroit un moyen d’autant plus efficace qu’il seroit imperceptible, pour attacher à Sa Majesté un nombre infini de familles médiocres, qui sont toujours les plus redoutables dans les révolutions. La licence des temps a donné plus d’une fois des atteintes à ce fonds sacré.

L’ignorance du cardinal Mazarin ne garda point de mesures dans sa puissance. Il recommença, aussitôt après la paix, à rompre celles par lesquelles et les arrêts du parlement et les déclarations du Roi avoient pourvu à ce désordre. Les officiers de l’hôtel-de-ville dépendant du ministre y contribuèrent par leurs prévarications. Les rentiers s’en émurent : ils s’assemblèrent en grand nombre. La chambre des vacations donna arrêt par lequel elle défendit ces assemblées ; et quand le parlement fut rentré, à la Saint-Martin de l’année 1649, la grand’chambre confirma cet arrêt, qui étoit juridique en soi, parce que les assemblées sans l’autorité du prince ne sont jamais légitimes : mais qui autorisoit toutefois le mal, en ce qu’il en empêchoit le remède.

Ce qui obligea la grand’chambre à donner un second arrêt fut que, nonobstant celui qui avoit été rendu par la chambre des vacations, les rentiers assemblés, au nombre de plus de trois mille, tous bourgeois et vêtus de noir, avoient créé douze syndics pour veiller, disoient-ils, sur les prévarications du prévôt des marchands. Cette nomination des syndics fut inspirée à ces bourgeois par cinq ou six personnes[1] qui avoient en effet quelque intérêt dans les rentes, mais que j’avois jetées dans l’assemblée,

  1. Par cinq ou six personnes : entre autres Joly, dont les Mémoires