Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
[1649] MÉMOIRES

de ce que j’avois observé quelquefois, que tout ce qui paroît hasardeux et ne l’est pas est presque toujours sage. Ce qui me confirma encore dans mon opinion fut que mon père, qui avoit reçu, deux jours auparavant, des offres avantageuses pour moi de la cour, par la voie de M. de Liancourt qui étoit à Saint-Germain, convenoit que je n’y pourrois trouver aucune sûreté. Nous dégraissâmes, pour ainsi dire, notre proposition ; nous la revêtîmes de ce qui pouvoit lui donner et de la couleur et de la force ; et je me résolus de prendre ce parti, et de l’inspirer dès l’après-dînée, s’il m’étoit possible, à messieurs de Bouillon, de Beaufort, et de La Mothe-Houdancourt. M. de Bouillon remit l’assemblée jusqu’au lendemain. Je confesse que je ne me doutai point de son dessein, et que je ne m’en aperçus que le soir, où je trouvai M. de Beaufort très-persuadé que nous n’avions plus rien à faire qu’à fermer les portes de Paris aux députés de Ruel, qu’à chasser le parlement, qu’à nous rendre maîtres de l’hôtel-de-ville, et qu’à faire avancer l’armée d’Espagne dans nos faubourgs. Comme le président de Bellièvre venoit de m’avertir que madame de Montbazon lui avoit parlé dans les mêmes termes, je me le tins pour dit, et je commençai là à connoître la sottise que j’avois faite de m’ouvrir au point que je m’étois ouvert, en présence de don Gabriel de Tolède, chez M. de Bouillon. J’ai su depuis par lui-même qu’il avoit été quatre ou cinq heures la nuit chez madame de Montbazon, à qui il avoit promis vingt mille écus comptant et une pension de six mille, en cas qu’elle portât M. de Beaufort à ce que M. l’archiduc désiroit de lui. Il n’oublia pas