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[1649] MÉMOIRES

tendis un petit bruit sourd, semblable à ceux que vous entendez quelquefois aux sermons, à la fin d’une période qui a plu. J’en augurai bien ; et je dis, après avoir pris ma place ce que j’avois projeté chez Longueil. Ce petit bruit recommença après mon discours, qui fut court et modeste. Un conseiller ayant voulu rapporter à ce moment une requête pour Joly, le président de Mesmes dit qu’avant toutes choses il falloit lire les informations faites contre la conjuration publique, dont il avoit plu à Dieu de préserver l’État et la maison royale. Il ajouta, en finissant ces paroles, quelque chose de celle d’Amboise, qui me donna, comme vous verrez, un terrible avantage sur lui. J’ai observé mille fois qu’il est aussi nécessaire de choisir les mots dans les grandes affaires, qu’il est superflu de les choisir dans les petites.

On lut les informations, où l’on ne trouva pour témoins qu’un appelé Canto, qui avoit été condamné à être pendu à Pau ; Pichon, qui avoit été mis sur la roue en effigie au Mans ; Sociande, contre lequel il y avoit preuve de fausseté à la tournelle ; La Comette, Marcassar, Gorgibus, filoux fieffés. Je ne crois pas que vous ayez vu, dans les petites Lettres[1] de Port-Royal des noms plus saugrenus que ceux-là : et Gorgibus vaut bien Tambourin. La seule déposition de Canto dura quatre heures à lire. En voici la substance Qu’il s’étoit trouvé en plusieurs assemblées des rentiers à l’hôtel-de-ville, où il avoit ouï dire que M. de Beaufort et M. le coadjuteur vouloient tuer M. le prince ; qu’il avoit vu La Boulaye chez M. de

  1. Les petites lettres : Il s’agit des Provinciales, que Pascal publia en 1656.