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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

Nous présentâmes requête, au parlement, pour récuser le premier président comme notre ennemi ce qu’il ne soutint pas avec la fermeté qui lui étoit naturelle. Il en parut touché, et même abattu. La délibération-pour admettre ou ne pas admettre la récusation dura plusieurs jours. On opina d’apparat, et il est constant que cette matière fut épuisée. Il passa enfin, à la pluralité de quatre-vingt-dix-huit contre soixante-deux, qu’il demeureroit juge et je suis persuadé que l’arrêt étoit juste, au moins dans les formes du Palais. Mais je suis persuadé en même temps que ceux qui n’étoient pas de cette opinion avoient raison dans lefond, ce magistrat témoignant autant de passion qu’il en faisoit voir en cette affaire mais il ne la connoissoit pas lui-même. Il étoit préoccupé, et son intention étoit bonne.

[1650] Le temps qui se passa depuis le jugement’de cette récusation, qui fut le 4 janvier, ne fut employé qu’à des chicanes que Charon, qui étoit l’un des rapporteurs et tout-à-fait dépendant du premier président, faisoit autant qu’il pouvoit pour différer, et pour voir si on ne tireroit point quelque lumière de la prétendue conjuration par un certain Boquemont, qui avoit été lieutenant de La Boulaye en la guerre civile et par un nommé Belot, syndic des rentiers, alors prisonnier en la Conciergerie.

Ce Belot, qui avoit été arrêté sans décret, faillit à être la cause du bouleversement de Paris. Le président de La Grange remontra qu’il n’y avoit rien de plus opposé à la déclaration, pour laquelle on avoit fait de si grands efforts autrefois. M. le premier président soutenant l’emprisonnement de Belot Daurat,