Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/142

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Je lui tins ma parole. M. de Caumartin s’y signala même par l’avis contraire. Je croyois devoir cette conduite au Roi, à l’État, et à Monsieur même. J’étois convaincu, comme je le suis encore, que les mêmes lois qui nous permettent quelquefois de nous dispenser de l’obéissance exacte nous défendent toujours de ne pas respecter le titre du sanctuaire, qui, en ce qui regarde l’autorité royale, est le plus essentiel. J’étois de plus en cet état, à vous dire le vrai, de soutenir ma maxime et mes démarches : car la contenance que j’avois tenue dans la résolution de l’hôtel-de-ville avoit saisi l’imagination des gens et leur avoit fait croire que j’avois beaucoup plus de force que je n’en avois en effet. Ce qui la fait croire l’augmente. J’en avois fait l’expérience, et je m’en étois servi avec fruit, aussi bien que des autres moyens que je trouvai encore en abondance dans les dispositions de Paris qui s’aigrissoit tous les jours contre le parti des princes, et par les taxes desquels on se voyoit menacé, et par le massacre de l’hôtel-de-ville qui avoit jeté l’horreur dans tous les esprits, et par le pillage des environs, où l’armée, qui depuis le combat de Saint-Antoine étoit campée dans le faubourg Saint-Victor, faisoit des ravages incroyables. Je profitois de tous ces désordres : je les relevois d’une manière qui me rendoit agréable à tous ceux qui les blâmoient ; je ramenois insensiblement et docilement à moi tous ceux des pacifiques qui n’étoient point attachés par profession particulière au Mazarin. Je réussis dans ce manège, au point que je me trouvai à Paris en état de disputer le pavé à tout le monde et qu’après m’être tenu sur la défensive trois