Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/143

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semaines dans mon logis, avec les précautions que je vous ai marquées ci-dessus, j’en sortis avec pompe, nonobstant le cérémonial romain. J’allai tous les jours au Luxembourg ; je passois au milieu des gens de guerre que M. le prince avoit dans le faubourg ; et je crus que j’étois assez assuré du peuple pour croire que j’en pouvois user ainsi avec sûreté. Je ne m’y trompai pas, au moins par l’événement. Je reviens au parlement.

Le 6 d’août 1652, Buchifert, substitut du procureur général, apporta aux chambres assemblées deux lettres du Roi : l’une adressée à la compagnie, l’autre au président de Nesmond, avec une déclaration du Roi qui portoit la translation du parlement à Pontoise. La cour avoit pris cette résolution, après avoir connu que son séjour à Saint-Denis n’avoit pas empêché que le parlement et l’hôtel-de-ville n’eussent fait les pas que vous avez vus ci-devant. L’on s’émut fort dans l’assemblée des chambres à cette nouvelle : on opina et il fut dit que les lettres et la déclaration seroient mises au greffe, pour y être fait droit après que le cardinal Mazarin seroit hors de France. Le parlement de Pontoise, composé de quatorze officiers, à la tête desquels étoient messieurs les présidens Mole, Novion et Le Coigneux, qui s’étoient un peu auparavant retirés de Paris en habits déguisés, fit des remontrances au Roi, tendantes à l’éloignement du cardinal Mazarin. Le Roi lui accorda ce qu’il lui demandoit, à l’instance même de ce bon et désintéressé ministre, qui sortit effectivement de la cour, et se retira à Bouillon. Cette comédie, très-indigne de la majesté royale fut accompagnée de tout ce qui la