Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/146

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s’étoit aussi retiré à Pontoise, afin qu’il sollicitât les passeports.

Permettez-moi, je vous supplie, de faire une pause en cet endroit, et de considérer avec attention cette illusion scandaleuse et continuelle avec laquelle un ministre se joue effectivement du nom et de la parole sacrée d’un grand roi, et avec laquelle d’autre part le plus auguste parlement du royaume, la cour des pairs, se joue, pour ainsi parler, d’elle-même, par des contradictions perpétuelles, et plus convenables à la légèreté d’un collége qu’à la majesté d’un sénat ! Je vous ai dit quelquefois que les hommes ne se sentent pas dans ces sortes de fièvres d’État, qui tiennent de la frénésie. Je connoissois en ce temps-là des gens de bien qui étoient persuadés jusqu’au martyre, s’il eût été nécessaire, de la justice de la cause de messieurs les princes. J’en connoissois d’autres, et d’une vertu désintéressée et consommée, qui fussent morts avec joie pour la défense de celle de la cour. L’ambition des grands se sert de ces dispositions comme il convient à leurs intérêts : ils aident à aveugler le reste des hommes, et ils s’aveuglent encore eux-mêmes après plus dangereusement que le reste des hommes.

Le bonhomme M. de Fontenay, qui avoit été deux fois ambassadeur à Rome, qui avoit de l’expérience, du bon sens, et l’intention sincère et droite pour l’État, déploroit tous les jours avec moi la léthargie dans laquelle les divisions domestiques font tomber même les meilleurs citoyens.

À l’égard du dehors de l’État, l’archiduc reprit cette année-là Gravelines et Dunkerque. Cromwell prit, sans déclaration de guerre, et avec une insolence in-