Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/156

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vous avez été obligé de vous garder dans votre propre maison trois semaines durant ; et vous savez bien qu’encore aujourd’hui vos amis sont en peine quand vous n’y marchez pas armé., Ne comptez-vous pour rien de faire finir toutes ces misères ? et manquerez-vous le moment unique que la Providence vous donne pour vous donner l’honneur de les terminer ? Le cardinal, qui est un homme de contre-temps, peut revenir demain ; et s’il étoit à la cour, le parti que je vous propose vous seroit plus impraticable qu’à homme qui vive. Ne perdez pas l’instant qui vous convient aussi, par la raison des contraires, plus qu’à homme qui vive ; prenez avec vous votre clergé, menez-le à Compiègne ; remerciez le Roi de l’éloignement du Mazarin ; demandez-lui son retour dans sa capitale ; entendez-vous avec ceux des corps qui ne veulent que le bien, qui sont presque tous vos amis particuliers, et qui vous considèrent déjà comme leur chef naturel, par votre dignité dans une occasion qui lui est si propre et si convenable. Si le Roi revient effectivement à la ville, le peuple de Paris vous en aura l’obligation ; s’il vous le refuse, on ne laissera pas d’avoir de la reconnoissance de votre intention. Si vous pouvez gagner Monsieur sur ce point, vous sauvez tout l’État : parce que je suis persuadé que s’il savoit jouer son personnage en cette rencontre, il ramèneroit le Roi à Paris, et que le Mazarin n’y reviendroit jamais. Je suppose qu’il y revienne dans le temps : prévenez ce hasard, que je vois bien que vous craignez, à cause du reproche que le peuple vous en pourroit faire ; prévenez, dis-je, ce hasard