Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/162

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je lui représentai qu’il me paroissoit qu’il pouvoit et qu’il devoit même adoucir cette expression : « Point de fausse générosité, reprit-il en colère ; je sais ce que je dis, et je saurai bien le soutenir et le justifier. »

Voilà précisément comme je sortis de chez Monsieur ; j’exécutai ses ordres à la lettre, et je ne rencontrai dans leur exécution aucunes difficultés que du côté duquel je n’en devois point attendre. Ce que je vais vous raconter est incroyable. Après que j’eus ménagé tous les préalables que je crus nécessaires aux points de cette nature, j’envoyai Argenteuil ou Joly à madame la palatine (je ne me ressouviens pas précisément lequel ce fut), pour en conférer avec elle. Elle l’approuva au dernier point ; mais elle m’écrivit que si je désirois effectivement qu’elle réussît, c’est-à-dire qu’elle obligeât le Roi de revenir à Paris, il étoit nécessaire que je surprisse la cour ; parce que si je lui donnois le loisir de consulter l’oracle, il ne lui répondroit que selon ce qui auroit été inspiré et soufflé par les prêtres des idoles, lesquels (me mandoit-elle par un chiffre que nous avions toujours cru indéchiffrable) aiment mieux que tout le temple périsse, que de vous laisser mettre seulement une pierre pour le réparer. Elle me demanda seulement cinq jours de délai, pour avoir le temps d’en donner elle-même, avis au cardinal. Elle le tourna d’une manière qui le força pour ainsi dire, à y donner les mains, et à écrire à la Reine qu’elle devoit au moins recevoir agréablement ma députation.

Dès que les Le Tellier, les Servien, les Ondedei et les Fouquet en eurent le vent, ils s’y opposèrent