Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/164

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à Compiègne, même depuis la parole qu’elle avoit donnée de les accorder, les fit expédier et elle y ajouta même beaucoup d’honnêteté. Je partis aussitôt avec les députés de tous les corps ecclésiastiques de Paris et près de deux cents gentilshommes qui m’accompagnoient, entre lesquels j’avois avec moi cinquante gardes de Monsieur. J’eus avis à Senlis qu’on avoit résolu à la cour de n’y pas loger mon cortège ; et Bautru même, qui s’étoit mis de mon cortège pour pouvoir sortir de Paris, dont les portes étoient gardées, me dit qu’il me conseilloit de n’y pas entrer avec tant de gens. Je lui répondis que je ne croyois pas aussi qu’il me conseillât d’y aller seul avec des curés, des chanoines et des religieux, dans un temps où il y avoit à la campagne une infinité de coureurs de tous les partis. Il en convint, et il prit les devants pour expliquer à la Reine et cette escorte et ce cortége, que l’on lui avoit très-ridiculement grossi. Tout ce qu’il put obtenir fut que l’on me donneroit logement pour quatre-vingts chevaux. Vous remarquerez, s’il vous plaît, que j’en avois cent douze, seulement pour les carrosses. Cette foiblesse ne me fit que pitié ; ce qui me donna de l’ombrage fut que je ne trouvai point sur mon chemin l’escouade des gardes du corps, qui avoit accoutumé, en ce temps-là d’aller au devant des cardinaux la première fois qu’ils paroissoient à la cour. Ma défiance se fût changée en appréhension, si j’eusse su ce que je n’appris qu’à mon retour à Paris, que la cause pour laquelle l’on ne m’avoit pas fait cet honneur étoit que l’on n’avoit pas encore bien résolu de ce que l’on feroit de ma personne : les uns soutenant qu’il me falloit arrêter, les autres qu’il