Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/174

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pour certain que la hauteur de la cour vient moins de la connoissance qu’elle a de ses forces, que de la confusion où l’absence du cardinal et la multitude de ses agens la met deux ou trois fois le jour. Mais comme une partie de la discussion dont il s’agit présentement doit être fondée sur ce principe, il n’est pas juste que Monsieur m’en croie sur ma parole, qui enfin n’est fondée elle-même que sur ce que je crois en avoir vu à Compiègne, et en quoi par conséquentje puis me tromper. Je le supplie par cette raison de prendre, comme préalable à toutes choses, la résolution de s’éclaircir sur ce point, et de pénétrer si ce que je crois avoir vu à Compiègne est fondé, c’est-à-dire, pour me mieux expliquer, s’il est vrai que la cour ait véritablement la hauteur qui m’y a paru, et si cette hauteur est l’effet, ou de la confusion que je viens de marquer, ou de la défiance et de l’aversion qu’elle a pour ma personne. Son Altesse Royale peut voir clair en ce détail en deux jours, par le canal de M. de Damville, et par celui de ceux de sa maison, qui sont plus agréables que moi à la Reine. Si j’ai vu faux, il ne me paroît rien de nouveau qui la doive empêcher de pousser sa pointe, et de travailler à la paix comme elle l’avoit résolu, en se servant de gens qui seront écoutés à la cour plus favorablement que moi. Si je ne me suis pas trompé dans ma conjecture, il s’agit de délibérer si Monsieur doit changer de pensée, ne plus songer à s’accommoder, et faire la guerre tout de bon au risque de tout ce qui en peut arriver ; ou se sacrifier lui-même au repos de l’État et à la tranquillité publique. Ceux à qui il commande