Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/175

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de lui dire leurs sentimens sur cette matière sont fort embarrassés, parce qu’il n’y a rien moins pour eux que de passer ou pour des factieux qui veulent éterniser la guerre civile, ou pour des traîtres qui vendent leur parti, ou pour des idiots qui traitent dans le cabinet les affaires d’État comme ils traiteroient en Sorbonne des cas de conscience. Et le malheur est que ce ne sera pas leur bonne ou leur mauvaise conduite, ni leur bonne ou leur mauvaise intention, qui leur donneront ou qui les défendront de ces titres. Ce sera la fortune ou même la propre conduite de leurs ennemis. Cette observation ne m’empêchera pas de parler à Son Altesse Royale en cette occasion avec la liberté que je me sentirois si je n’y mettois rien du mien, dans une conjoncture où je suis assuré que l’on ne peut rien dire qui ne soit mal par la même raison qui fait que l’on n’y peut rien faire qui soit bien. Monsieur n’a, ce me semble, que deux partis à prendre, comme je viens de dire, supposé que la cour soit dans la disposition où je la crois ; qui sont, ou de plier à tout ce qu’elle voudra, et de consentir qu’elle se rétablisse dans Paris par elle-même sans lui en avoir aucune obligation, et sans en avoir donné aucune sûreté au public, ou de s’y opposer avec vigueur et avec fermeté, et de l’obliger par une grande et forte résistance à entrer en traité, et à pacifier l’État par les mêmes moyens que l’on a toujours cherchés à la fin des guerres civiles. Si le respect que je dois à Son Altesse Royale me permettoit de me compter seulement pour un zéro dans une aussi grande affaire que celle-ci, je prendrois la liberté de lui dire