Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/176

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que le premier parti me seroit bon, parce qu’il me conduiroit au travers, à la vérité, de quelques murmures qu’il élèveroit contre moi dans les commencemens, au poste que je suis persuadé ne m’être pas mauvais. Les frondeurs diroient d’abord que mes conseils auroient été foibles ; les pacifiques, dont le nombre est toujours le plus grand dans la fin des guerres civiles, diroient qu’ils sont sages, et d’un homme de bien. Je serois sur le tout cardinal et archevêque de Paris, relégué, si vous voulez, à Rome mais relégué pour un temps et pour ce temps-là même dans les plus grands emplois. Les politiques se joindroient par l’événement aux pacifiques. Le feu contre le Mazarin seroit, ou éteint, ou assoupi par son rétablissement. Les murmures qui se seroient élevés contre moi seroient oubliés, et l’on ne s’en ressouviendroit que pour faire dire encore davantage que je suis un habile et un galant homme, qui me serois tiré fort adroitement d’un mauvais pas. Voilà comment se traite, dans les esprits des hommes, la réputation des particuliers. Il n’en va pas ainsi de celle des grands princes parce que leur naissance et leur élévation étant toujours plus que suffisantes pour tirer leur personne et leur fortune du naufrage, ils n’en peuvent jamais sauver leur réputation par les mêmes excuses qui en préservent les subalternes. Quand Monsieur aura laissé transférer le parlement, interdire l’hôtel-de-ville, enlever les chanoines de Paris, exiler la moitié des compagnies souveraines, l’on ne dira pas : Qu’eût-il fait pour l’empêcher ? il se fût, peut-être perdu lui-même. On dira : « Il ne tenoit qu’à lui de l’empê-