Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/180

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Au retour de cette conférence, je trouvai M. de Caumartin chez le président de Bellièvre, qui s’étoit fait porter, à cause d’une fluxion qu’il avoit sur l’œil, dans une maison du faubourg Saint-Michel. Je lui rapportai le précis du raisonnement que vous venez de voir. Il m’en gronda en me disant ces propres paroles : «Je ne sais à quoi vous pensez : car vous vous exposez à la haine des deux partis, en disant trop la vérité de tous les deux. » Et je lui répondis : Je sais bien que je manque à la politique, mais je satisfais à la morale ; et j’estime plus l’une que l’autre. » Le président de Bellièvre prit la parole, et dit : « Je ne suis pas de votre sentiment, même selon la politique. M. le cardinal joue le droit du jeu, en l’état où sont les affaires. Elles sont si incertaines, et particulièrement avec Monsieur, qu’un homme sage n’en peut prendre sur soi la décision. »

Monsieur m’envoya quérir deux heures après chez madame de Pommereux, et je trouvai à la porte du Luxembourg un page qui me dit de sa part de l’aller attendre dans la chambre de Madame. Il n’avoit pas voulu que je j’allasse interrompre dans le cabinet des livres parce qu’il y étoit enfermé avec Goulas, qu’il questionnoit sur le sujet que vous allez voir. Il vingt quelque temps après chez Madame et me dit d’abord : « Vous m’avez tantôt dit que le premier pas qu’il falloit que je fisse, en cas que je me résolusse à la continuation de la guerre, seroit de m’assurer de M. le prince : comment diable le puis-je faire ? — Vous savez, lui répondis-je, que je ne suis pas avec lui en état de répondre sur cela ; c’est à Votre