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Altesse Royale à savoir ce qu’elle y peut, et ce qu’elle n’y peut pas. — Comment voulez-vous que je le sache reprit-il : Chavigny a un traité presque conclu avec l’abbé Fouquet. Vous souvient-il de l’avis que madame de Choisy me donna dernièrement assez en général ? J’en viens d’apprendre, tout le détail. M. le prince jure qu’il n’est point de tout cela, et que Chavigny est un traître ; mais qui le sait ? » Ce détail étoit que Chavigny traitoit avec l’abbé Fouquet, et qu’il promettoit à la cour de faire tous ses efforts pour obliger M. le prince à s’accommoder à des conditions raisonnables avec le cardinal Mazarin. Une lettre de M. l’abbé Fouquet à M. Le Tellier, qui fut prise par un parti allemand, et qui fut apportée à Tavannes, justifioit pleinement M. le prince de cette négociation : car elle portoit en termes formels qu’en cas que M. le prince ne voulût pas se mettre à la raison, lui, M. de Chavigny, s’engageoit à la Reine à ne rien oublier pour le brouiller avec Monsieur.

M. le prince, qui eut en main l’original de cette lettre, s’emporta contre lui au dernier point : il le traita de perfide, en parlant à lui-même. M. de Chavigny, outré de ce traitement, se mit au lit, et il n’en releva pas. M. de Bagnol, qui étoit de ses amis et des miens aussi me vint prier de l’aller voir. Je le trouvai, sans connoissance, et je rendis à sa famille tout ce que j’aurois souhaité de rendre à sa personne. Je me souviens que madame Du Plessis-Guénégaud étoit dans sa chambre, où il expira deux ou trois jours après.

M. de Guise[1] revint, presque au même temps de

  1. Henri de Lorraine, second du nom, fils de Charles de Lorraine,