Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/182

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sa prison d’Espagne et il me fit l’honneur de me venir voir dès le lendemain qu’il fut arrivé. Je le suppliai de se modérer à ma considération dans les plaintes très-aigres qu’il faisoit contre M. de Fontenay qu’il prétendoit avoir mal vécu avec lui à l’égard des révolutions, de Naples dans le temps de son ambassade de Rome ; et il déféra à mon instance avec une honnêteté digne d’un si grand nom.

J’avois toujours aussi réservé à traiter en ce lieu de l’affaire de Brisach que j’ai touchée dans le second volume de cette histoire, parce que ce fut à peu près le temps où M. le prince d’Harcourt quitta l’armée et le service du Roi pour se jeter dans cette importante place. Mais comme je n’ai pu retrouver le mémoire très-beau et très-fidèle que j’en avois, écrit de la main d’un officier de la garnison, qui avoit du sens et de la candeur, j’aime mieux en passer le détail sous silence et me contenter de vous dire que le bon génie de la France défendit et sauva les fleurs de lis dans ce poste fameux et important, en dépit de toutes les imprudences du cardinal, et de toutes les infidélités de madame de Guébriant[1], par la bonne intention de Charlevoix, et par les incertitudes du comte d’Harcourt. Je reprends le fil de mon discours.

L’irrésolution de Monsieur étoit d’une espèce toute particulière : elle l’empêchoit souvent d’agir quand il étoit le plus nécessaire d’agir et elle le faisoit quel-

    né en 1614. Il alla au secours des rebelles de Naples en 1647. Les Espagnols le prirent prisonnier en cette occasion et le relâchèrent en 1652. Il fit une seconde expédition à Naples en 1654 et mourut en 1664. (A. E.) — Ses Mémoires font partie de cette série.

  1. Renée Du Bec, maréchale de Guébriant, morte à Périgueux en 1659. (A. E.)