Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même, et d’envoyer à la cour M. de Joyeuse-Saint-Lambert, lequel, à ce que me dit Monsieur, n’aura que le caractère de M. de Lorraine, et ne laissera pas de pénétrer s’il n’y a rien à faire pour moi. » Je lui répondis ces propres paroles : « Il sera peut-être, monsieur, plus heureux que moi ; je le souhaite, mais je ne le crois pas. » Je fus prophète : car ce M. de Joyeuse fut douze jours à la cour sans aucune réponse. Il en fit une, je pense, de sa tête, qui fut un galimatias auquel personne ne put rien entendre que la cour, qui le désavoua. M. le maréchal d’Etampes, que Monsieur y avoit encore envoyé dans l’espérance que Le Tellier avoit fait donner à Madame qu’il y seroit écouté comme particulier sur tout ce qu’il y pourroit dire de la part de Monsieur, en revint pour le moins aussi mal satisfait que M. de Joyeuse-Saint-Lambert.

Le 30 septembre M. Talon acheva d’éclaircir Monsieur et le public des intentions de la Reine, en envoyant au parlement par M. Doujat, à cause de son indisposition, les lettres qu’il avoit reçues de M. le chancelier et de M. le premier président, en réponse de celles qu’il leur avoit écrites ensuite de la délibération du 26. Ces lettres portoient que le Roi ayant transféré son parlement à Pontoise, et interdit toutes fonctions à ses officiers dans Paris, il n’en pouvoit recevoir aucune députation jusqu’à ce qu’ils eussent obéi. Je ne vous puis exprimer la consternation de la compagnie : elle fut au point que Monsieur eut peur qu’elle ne l’abandonnât ; et cette appréhension lui fit faire un très-méchant pas : car elle l’obligea à tirer une lettre de sa poche, par laquelle la Reine