Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/193

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sont voulu figurer pour concilier ces événemens n’est que fiction et chimère. J’en reviens toujours à mon principe, qui est que les fautes capitales font, par des conséquences presque inévitables, que ce qui paroît et est en effet le plus étrange et le plus extravagant est possible.

Le 13, les colonels reçurent ordre du Roi d’aller par députés à Saint-Germain : M. de Sève, le plus ancien, y porta la parole. Le Roi leur donna à dîner, et leur fit même l’honneur d’entrer dans la salle pendant le repas. Ce même jour, M. le prince partit de Paris avec une joie qui passoit tout ce que vous vous pouvez figurer ; il en avoit le dessein depuis très-long-temps. Beaucoup de gens ont cru que l’amour de madame de Châtillon l’y avoit retenu ; beaucoup d’autres sont persuadés qu’il avoit espéré jusqu’à la fin de s’accommoder avec la cour. Je ne me puis remettre ce qu’il m’a dit sur ce point ; car il n’est pas possible que dans les grandes conversations que j’ai eues avec lui sur le passé, je ne lui en aie parlé.

Le 14, M. de Beaufort fit un compliment court et mauvais au parlement, sur ce qu’il avoit remis le gouvernement de Paris.

Le 16, Monsieur déclara nettement au parlement que le Roi avoit désavoué en tout et partout M. de Joyeuse ; mais il ajouta, selon son style ordinaire, qu’il attendoit quelques meilleures nouvelles d’heure en heure. Comme il vit que je m’étonnois de la continuation de cette conduite, il me dit « Voudriez-vous répondre d’un quart-d’heure à l’autre ? Que sais-je si dans un moment le peuple ne me livreroit pas au Roi, s’il croyoit que je n’eusse aucunes mesures