Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/209

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saurions un jour ; que nous nous accommodassions avec la cour, s’il nous étoit possible. Je n’en fus pas surpris en mon particulier ; M. de Beaufort en pesta beaucoup.

Le 22, le Roi tint son lit de justice au Louvre. Il y fit lire quatre déclarations ; la première fut celle de l’amnistie ; la seconde, celle du rétablissement du parlement à Paris ; la troisième portoit un ordre à M. de Beaufort de sortir de Paris, aussi bien qu’à messieurs de Rohan, Viole, de Thou, Broussel, Portail, Bithaud, Croissy, Machaut, Fleury, Martinau et Perrault. Par la même déclaration, il étoit défendu au parlement de se mêler dorénavant d’aucunes affaires d’État. La quatrième établissoit une chambre des vacations. On avoit arrêté le matin avant que le Roi fût entré, que l’on feroit instance auprès de Sa Majesté pour le rétablissement des exilés. Ils obéirent tous le même jour. J’allai l’après-dînée chez la Reine, qui, après avoir été quelque temps au cercle, me commanda d’entrer avec elle dans son petit cabinet. Elle me traita parfaitement bien ; elle me dit qu’elle savoit que j’avois adouci, autant qu’il m’avoit été possible, et les affaires et les esprits ; qu’elle croyoit que je l’aurois fait encore et plus promptement et plus publiquement, si je n’avois été obligé d’observer plusieurs égards avec mes amis, qui n’étoient pas tous de même opinion ; qu’elle me plaignoit : qu’elle vouloit m’aider à sortir de l’embarras où je me trouvois. Voilà, comme vous voyez, bien des honnêtetés et même bien de la bonté en apparence. Voici le fond : Elle étoit plus animée contre moi que jamais, parce que Beloy, qui étoit domestique de Monsieur, mais qui étoit toujours en se-