Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/210

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cretà quelque autre, et qui avoit repris des mesures avec la cour depuis que les affaires de M. le prince étoient en déclin, l’avoit fait avertir le matin, dès qu’elle fut éveillée, que j’avois offert à Monsieur de faire ce qu’il me commanderoit. Il ne savoit rien du détail de ce qui s’étoit passé le soir entre Monsieur, M. de Beaufort et moi, mais comme il entra dans sa chambre aussitôt que nous en fûmes sortis avec Jouy, Monsieur, qui étoit dans l’agitation et dans le trouble, leur dit : « Si je voulois, je ferois bien danser l’Espagnole. » Beloy, où malicieusement où par curiosité, lui répondit : « Mais, monsieur, Votre Altesse Royale est-elle bien assurée de M. le cardinal de Retz ? — Le cardinal de Retz, dit Monsieur, est homme de bien ; et il ne me manquera pas. » Jouy, qui l’avoit entendu, me le rapporta fidèlement le matin ; et je ne doutai pas que Beloy ne l’eût aussi rapporté à la Reine, qui d’ailleurs ne pouvoit pas savoir qu’au même moment que j’avois fait à Monsieur l’offre à laquelle mon honneur m’obligeoit, je n’avois rien oublié de tout ce que ce même honneur me permettoit, pour empêcher le bouleversement de l’État. Je fis, à l’instant même que Jouy me donna cet avis, une grande réflexion sur les scrupules dont Montrésor m’avoit tant fait la guerre la veille. Il est vrai qu’ils ne réussissent pas dans les cours, au moins pour l’ordinaire ; mais il y a des gens qui préfèrent au succès la satisfaction qu’ils trouvent dans eux-mêmes.

Vous vous seriez étonnée de la manière dont je répondis à la Reine, si je ne vous avois au préalable rendu compte de ce petit détail, qui comprend la raison que j’eus de lui parler comme je fis. Je dis que