Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/217

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dit ces propres paroles : « Je vais rentrer dans ma coquille, il n’y a plus rien à faire ; je ne veux plus être nommé à rien. » Il me tint parole. Une grande et dangereuse fluxion qu’il eut effectivement sur un œil lui en donna même le prétexte, et lui en facilita le moyen.

M. de Caumartin s’étoit allé marier en Poitou un mois ou cinq semaines devant que le roi revînt, et il étoit encore chez lui quand la cour arriva à Paris. Il avoit eu certainement plus de part que personne dans le secret des affaires ; il y avoit agi avec plus de bonne foi et plus de capacité, et il n’y avoit eu même d’intérêt particulier que celui que son honneur l’obligea d’y prendre, dans une occasion où il savoit mieux qu’homme qui fût au monde qu’il n’en pouvoit avoir aucun qui fût effectif. L’injustice qu’on lui a faite sur ce sujet m’oblige à en expliquer le détail.

Vous avez vu dans cette histoire que Monsieur fut entraîné par M. le prince à demander à la Reine l’éloignement des sous-ministres, et qu’il ne tint pas à moi que Monsieur ne fît point ce pas, qui dans la vérité n’étoit bon à rien en aucune manière, et à lui moins qu’à personne. Laigues qui les crut perdus et qui étoit l’homme du monde qui se capricioit le plus de ses nouveaux amis, se mit dans l’esprit de procurer la charge de secrétaire de la guerre, qui est celle de M. Le Tellier, à de Nouveau. Madame de Chevreuse s’ouvrit de cette vision devant le petit abbé de Bernai, qui le dit à M. de Caumartin. Il ne le trouva pas bon, et il eut raison. Il vint chez moi ; il me demanda si ce dessein étoit venu jusqu’à moi. Je me mis à sourire, et à lui dire que je pensois qu’il