Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/219

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en m’accommodant. Ce ne fut pourtant pas lui qui embarrassa mon accommodement : il connoissoit fort bien qu’il n’y auroit plus assez d’étoffe pour en faire un trafic considérable. Il m’avoit dit plusieurs fois avant qu’il partît pour aller en Poitou, qu’il étoit rude, mais qu’il étoit nécessaire, que nous pâtissions même de la mauvaise conduite de nos ennemis ; qu’il n’y auroit plus d’avantage à tirer pour les particuliers ; qu’il ne falloit plus songer qu’à sauveur le vaisseau dans lequel il pourroit se remettre à la voile selon les occasions ; et que ce vaisseau, qui étoit moi, ne pouvoit se sauver, en l’état où les affaires étoient tombées par l’irrésolution de Monsieur, qu’en prenant le large et se jetant a la mer du côté du levant, c’est-à-dire de Rome. Je me souviens qu’il ajouta le propre jour qu’il me dit adieu, ces propres paroles : « Vous ne vous soutenez plus que sur la pointe d’une aiguille ; et si la cour connoissoit ses forces à votre égard, elle vous pousseroit comme elle va pousser les autres. Votre courage vous fait tenir une contenance qui la trompe et qui l’émeut. Servez-vous de cet instant pour en tirer ce qui vous est bon pour votre emploi de Rome : elle fera sur cela tout ce que vous voudrez. »

Il ne restoit donc que M. de Montrésor, qui disoit du matin au soir qu’il ne prétendoit rien et qui avoit même tourné en ridicule une lettre par laquelle Chandenier lui avoit écrit de la province qu’il ne doutoit pas que je ne le rétablisse dans sa charge, et que je ne le fisse duc et pair en cette occasion. Ce fut toutefois ce M. de Montrésor même qui troubla toute la fête, et qui la troubla sans aucun intérêt, et par un