Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/228

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guières, que j’avois sujet de croire très-bien avertie, et qui l’étoit en effet très-bien d’ordinaire, me pressa extrêmement d’aller au Louvre, en me disant que si j’y pouvois aller en sûreté, il falloit que je convinsse que ce seroit beaucoup le meilleur pour moi, par la raison de la bienséance, etc. Je convins de la proposition, mais je ne convins pas de la sûreté. « N’y at-il que cette considération qui vous empêche ? reprit-elle. — Non, lui répondis-je. — Allez-y donc demain, me dit-elle, car nous savons le dessous des cartes. » Ce dessous des cartes étoit qu’on avoit tenu un conseil secret, dans lequel, après de grandes contestations, il avoit été résolu qu’on s’accommoderoit avec moi, et qu’on me donneroit même satisfaction pour mes amis. Je suis très-assuré que madame de Lesdiguières ne me trompoit pas ; je ne le suis pas moins que M. le maréchal ne trompoit point madame de Lesdiguières. Il fut trompé lui-même et, par cette raison, je ne lui en ai jamais voulu parler. J’allai ainsi au Louvre le 19 décembre 1652 et je fus arrêté dans l’antichambre de la Reine par M. de Villequier, qui étoit capitaine des gardes de quartier. Il s’en fallut très-peu que M. d’Hacqueville ne me sauvât. Comme j’entrai dans le Louvre, il se promenoit dans la cour ; il me joignit à la descente de mon carrosse, et il vint avec moi chez madame la maréchale de Villeroy, où j’allai attendre qu’il fût jour chez le Roi. Il m’y quitta pour aller en haut, où il trouva Montmège, qui lui dit que tout le monde disoit que j’allois être arrêté. Il descendit en diligence pour m’en avertir, et pour me faire sortir par la cour des cuisines, qui répondoit justement à l’appartement de madame de