Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/229

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Villeroy. Il ne m’y trouva plus ; mais il ne m’y manqua que d’un moment, et ce moment m’eût infailliblement donné la liberté. J’en ai la même obligation à M. d’Hacqueville ; mais je suis assuré que de l’humeur et de la cordialité dont il est, il n’en eut pas la même joie. M. de Villequier me mena dans un appartement, où les officiers de la bouche m’apportèrent à dîner. On trouva très-mauvais à la cour que j’eusse bien mangé tant l’iniquité et la lâcheté des courtisans est extrême. Je ne trouvai pas bon que l’on m’eût fait retourner mes poches, comme on fait aux coupeurs des bourses : M. de Villequier eut ordre de faire cette cérémonie, qui n’étoit pas ordinaire. On n’y trouva qu’une lettre du roi d’Angleterre qui me chargeoit de tenter, du côté de Rome, si l’on ne pourroit pas lui donner quelque assistance d’argent. Ce nom de lettre du roi d’Angleterre se répandit dans la basse-cour ; il fut relevé par un homme de qualité, au nom duquel je me crois obligé de faire grâce, à la considération de l’un de ses frères, qui est de mes amis. Il crut faire sa cour de le gloser d’une manière qui fut odieuse ; il sema le bruit que cette lettre étoit du Protecteur. Quelle bassesse ! On me fit passer, sur les trois heures, toute la grande galerie du Louvre, et l’on me fit descendre par le pavillon de Madame. Je trouvai un carrosse du Roi, dans lequel M. de Villequier monta avec moi, et cinq ou six officiers des gardes du corps. Le carrosse fit douze ou quinze pas du côté de la ville ; mais il retourna tout d’un coup à la porte de la conférence. Il étoit escorté par M. le maréchal d’Albret à la tête des gendarmes ; par M. de La Vauguyon à la tête des chevau-légers ; et par