Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/234

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un peu mieux que dans le commencement. On me donna des livres mais par compte, et sans papier ni encre ; et l’on m’accorda un valet de chambre et un médecin à propos de quoi je suis bien aise de ne pas omettre une circonstance qui est remarquable. Ce médecin, qui étoit homme de mérite et de réputation dans sa profession, et qui s’appeloit Vacherot, me dit, le jour qu’il entra à Vincennes, que M. de Caumartin l’avoit chargé de me dire que Goiset, avocat qui avoit prédit la liberté de M. de Beaufort, l’avoit assuré que j’aurois la mienne dans le mois de mars ; mais qu’elle seroit imparfaite, et que je ne l’aurois entière et pleine qu’au mois d’août. Vous verriez par la suite que le présage fut juste.

Je m’occupai fort à l’étude dans tout le cours de ma prison de Vincennes, qui dura quinze mois, et au point que les jours ne me suffisoient point, et que j’y employois même les nuits. Je fis une étude particulière de la langue latine, qui me fit connoître que l’on ne peut jamais trop s’y appliquer, parce que c’est une étude qui comprend toutes les autres ; je travaillai sur la grecque, et sur la neuvième décade de Tite-Live, que j’avois fort aimée autrefois, et à laquelle je retrouvai encore un nouveau goût. Je composai, à l’imitation de Boëce, une Consolation de la Théologie, par laquelle je prouvois que tout homme qui est prisonnier doit essayer d’être le vinctus in Christo dont parle saint Paul. Je ramassai, dans une manière de silva, beaucoup de matières différentes, et entre autres une application, à l’usage de l’Église de Paris, de ce qui étoit contenu dans le livre des Actes de celle de Milan, et j’intitulai cet ouvrage : Partus Vincen-