Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/247

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qu’il falloit fermer les églises. M. le cardinal eut peur et comme ses peurs alloient toujours à négocier, il négocia : il n’ignoroit pas l’avantage que l’on trouve à négocier avec des gens qui ne sont point informés ; il croyoit la moitié du temps que j’étois de ce nombre ; il le crut en celui-là, et il me fit jeter cent et cent vues de permutations, d’établissemens de gros clochers, de gouvernemens de retours dans les bonnes grâces du Roi, de liaisons solides avec le ministre. Pradelle et mon exempt ne parloient du soir au matin que sur ce ton. On me donnoit bien plus de liberté qu’à l’ordinaire ; on ne pouvoit plus souffrir que je demeurasse dans ma chambre, pour peu qu’il fît beau sur le donjon. Je ne faisois pas semblant de faire seulement réflexion sur ces changemens, parce que je savois, par mes amis, le dessous des cartes. Ils me mandoient que je me tinsse couvert, et que je ne m’ouvrisse en façon du monde, parce qu’ils étoient informés, à n’en pouvoir douter, que quand l’on viendroit à fondre la cloche l’on ne trouveroit rien de solide ; et que la cour ne songeoit qu’à me faire expliquer sur la possibilité de ma démission, afin de refroidir et le clergé et le peuple. Je suivis ponctuellement l’instruction de mes amis ; et au point que M. de Noailles capitaine des gardes en quartier, m’étant venu trouver de la part du Roi, et m’ayant fait un discours très-éloigné de ses manières et de son inclination honnête et douce (car le Mazarin l’obligea de me parler en aga des janissaires, beaucoup plus qu’en officier d’un roi chrétien), je le priai de trouver bon que je lui fisse ma réponse par écrit. Je ne me ressouviens pas des paroles mais je sais