Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/311

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dinal Trivulce, le plus capable sujet de sa faction et peut-être du sacré collége déclamoit publiquement contre lui comme contre un bigot ; et il appréhendoit dans le fond extrêmement son exaltation, par la crainte qu’il avoit de sa sévérité, peu propre à souffrir la licence de ses débauches, qui, à la vérité ; étoient scandaleuses. Il n’étoit pas croyable que le cardinal Jean-Charles de Médicis pût être bien intentionné pour lui, et par la même raison, et par celle de sa naissance ; car il étoit Siennois et connu pour aimer passionnément sa patrie, qui est pareillement connue pour n’aimer pas passionnément la domination de Florence.

Toutes ces considérations furent pesées et examinées. On pesa l’apparent, le douteux et le possible ; et l’on se fixa à la résolution que je viens de vous marquer, avec une sagesse qui étoit d’autant plus profonde qu’elle paroissoit hardie. Il faut avouer qu’il n’y a peut-être jamais eu de concert où l’harmonie ait été si juste qu’en celui-ci ; et il sembloit que tous ceux qui y entroient ne fussent nés que pour agir les uns avec les autres. L’activité d’Imperiali y étoit tempérée par le flegme de Lomelin ; la profondeur d’Ottoboni se servoit utilement de la hauteur d’Aquaviva ; la candeur d’Omodei et la froideur de Gualtieri y couvroient, quand il étoit nécessaire, l’impétuosité de Pio et la duplicité d’Albizi, Azolin, qui est un des plus beaux et des plus faciles esprits du monde, veilloit avec une application d’esprit continuelle aux mouvemens de ces différens ressorts ; et l’inclination que messieurs les cardinaux de Médicis et Barberin, chefs des deux factions les plus opposées, prirent pour moi d’abord,