Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/312

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suppléa, dans.les rencontres en ma personne, au défaut des qualités qui m’étoient nécessaires pour y tenir mon coin. Tous les acteurs firent bien, le théâtre fut toujours rempli ; les scènes n’y furent pas beaucoup diversifiées mais la pièce fut belle, d’autant plus qu’elle fut simple. Quoi qu’en aient écrit les compilateurs des conclaves, il n’y eut de mystère que celui que je vous ai expliqué ci-devant. Il est vrai que les épisodes en furent curieux : je m’explique.

Le conclave fut, si je ne me trompe, de quatre-vingts jours. Nous donnions tous les matins et toutes les après-dînées, trente-deux et trente-trois voix à Sachetti ; et ces voix étoient celles de la faction de France ; des créatures du pape Urbain, oncle de M. le cardinal Barberin et de l’escadron volant. Celles des Espagnols, des Allemands et des Médicis se répandoient sur différens sujets dans tous les scrutins ; et ils affectoient d’en user ainsi, pour donner à leur conduite un air plus ecclésiastique et plus épuré d’intrigues et de cabales que le nôtre n’avoit. Ils ne réussirent pas dans leur projet, parce que les mœurs très-déréglées de M. le cardinal Jean-Charles de Médicis et de M. le cardinal Trivulce qui étoient proprement les ames de leurs factions, donnoient bien plus de lustre à la piété exemplaire de M. le cardinal Barberin, qu’ils ne lui en pouvoient ôter par leurs artifices. Le cardinal Cesi pensionnaire d’Espagne et l’homme le plus singe en tout sens que j’aie jamais connu.me disoit un jour à ce propos fort plaisamment ? : « Vous nous battrez à la fin car nous nous décréditons, en ce, que nous nous voulons faire passer pour gens de bien. » Le faux trompe quelque-