Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/313

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fois, mais il ne trompe pas long-temps quand il est relevé par d’habiles gens. Leur faction perdit en peu de jours, le concetto (qu’ils appellent en ce pays-là) de vouloir le bien. Nous gagnâmes de bonne heure cette réputation, parce que, dans la vérité, Sachetti, qui étoit aimé à cause de sa douceur, passoit pour homme de bonnes et droites intentions ; et parce que le ménagement que la maison de Médicis étoit obligée d’avoir pour le cardinal Rasponi, quoiqu’elle ne l’eût pas voulu en effet pour pape, nous donna lieu de faire croire dans le monde qu’elle vouloit installer dans la chaire de Saint-Pierre la Volpe (c’est ainsi que l’on appeloit le cardinal Rasponi, parce qu’il passoit pour un fourbe). Ces dispositions, jointes à plusieurs autres qui seroient trop longues à déduire, firent que la faction d’Espagne s’aperçut qu’elle perdoit du terrain ; et quoique cette perte n’allât pas jusqu’au point de lui faire croire que nous pensions à faire le Pape sans sa participation, elle ne laissa pas d’appréhender que son parti ayant beaucoup de vieillards, et le nôtre beaucoup de jeunes, le temps ne pût être facilement pour nous. Nous surprîmes une lettre de l’ambassadeur d’Espagne au cardinal Sforce, qui faisoit voir cette crainte en termes exprès ; et nous comprîmes même par l’air de cette lettre, plus que par ses paroles, que cet ambassadeur n’étoit pas trop content de la manière d’agir de Médicis. Je suis trompé si ce ne fut monsignor Febrei qui surprit cette lettre. Cette semence fut cultivée avec beaucoup de soin dès qu’elle eut paru ; et l’escadron, qui par le canal de Borromée, milanois, et d’Aquaviva, napolitain, gardoit toujours beaucoup de mesures d’honnêtetés avec l’ambassadeur