Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/328

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loin, si Sachetti, qui se lassoit de se voir ballotter réglément quatre fois par jour sans aucune apparence de réussir, ne lui eût lui-même ouvert les yeux. Ce ne fut pas toutefois sans beaucoup de peine. Il y réussit enfin ; et après que nous eûmes observé toutes les brèves et les longues, pour ne lui laisser aucun lieu de soupçonner que nous eussions part à cette démarche de Sachetti, dans laquelle, pour le vrai, nous n’en avions aucune, nous discutâmes avec lui la possibilité des sujets de sa faction. Nous nous aperçûmes d’abord qu’il s’y trouvoit lui-même fort embarrassé, et même avec beaucoup de raison. Nous n’en fûmes pas fâchés, parce que cet embarras nous donna lieu de tomber sur les sujets des autres factions et nous porta insensiblement jusqu’à Chigi. M. le cardinal Barberin, qui a dès son enfance aimé jusqu’à la passion la piété, et qui estimoit beaucoup celle qu’il croyoit en Chigi, se rendit avec assez de facilité ; et il n’y eut, à dire le vrai, qu’un scrupule, qui fut que Chigi, qui étoit fort ami des jésuites, pourroit peut-être donner atteinte à la doctrine de saint Augustin, pour laquelle Barberin avoit plus de respect que de connoissance. Je fus chargé de m’en éclaircir avec lui, et je m’acquittai de ma commission d’une manière qui ne blessa ni mon devoir, ni la prétendue tendresse de conscience de Chigi. Comme, dans les grandes conversations que j’avois eues avec lui dans les scrutins, il m’avoit pénétré (ce qui lui étoit fort aisé, parce que je ne me couvrois pas auprès de lui), il avoit connu que je n’approuvois point qu’on s’entêtât pour les personnes, et qu’il suffisoit d’éclaircir la vérité. Il me témoigna entrer lui--