Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/329

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même dans ces sentimens, et j’eus sujet de croire qu’il étoit tout propre par ses maximes à rendre la paix à l’Église. Il s’en expliqua lui-même assez publiquement et raisonnablement ; car Albizzi, pensionnaire des jésuites, s’étant emporté, même avec brutalité, contre l’extrémité, se disoit-il, de l’esprit de saint Augustin, Chigi prit la parole avec vigueur, et il parla comme le respect que l’on doit au docteur de la grâce le requiert. Cette rencontre assura absolument Barberin, et beaucoup plus encore que tout ce que je lui en avois dit. Dès qu’il eut pris son parti, nous commençâmes à mettre en œuvre les matériaux que nous n’avions fait jusque là que disposer. Nous agîmes chacun de notre côté suivant que nous l’avions projeté. Nous nous expliquâmes de ce que nous avions le plus souvent caché avec soin, ou que nous n’avions tout au plus qu’insinué. Borromée et Aquaviva se développèrent plus pleinement envers l’ambassadeur d’Espagne. Azolin brilla dans les diverses factions avec plus de liberté. Je m’étendis de toute ma force envers le cardinal doyen ; il prit confiance en moi sur le désir qu’il avoit d’adoucir le grand duc par les Barberins. Le cardinal Barberin l’y eut tout entière sur la joie qu’il en auroit. Azolin ou Lomelin (je ne me souviens pas précisément lequel ce fut) découvrit que Bichi, qui étoit allié à Chigi, étoit très-bien intentionné pour lui dans le fond. Il entra dans ce commerce habilement et adroitement, et si bien que Bichi, qui ne crut pas que le Mazarin eût assez de confiance en lui pour concourir sur sa parole à l’exaltation de Chigi, employa pour le persuader Sachetti, qui, lassé, comme il me semble que je vous l’ai dit