Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/334

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répondis avec toute la considération que je devois à sa personne et à sa maison. Il ne laissa pas de s’échauffer, et de me dire que je me devois souvenir des obligations que ma maison avoit à la sienne : sur quoi je lui dis que je ne les oublierois jamais, et que M. le cardinal doyen et M. le grand duc en étoient très-persuadés. « Je ne le suis pas, moi, reprit-il tout d’un coup. Vous souvenez-vous bien que sans la reine Catheririe vous seriez un gentilhomme comme un autre à Florence ? — Pardonnez-moi, monsieur, lui répondis-je en présence de douze ou quinze cardinaux, et pour vous faire voir que je sais bien ce que je serois à Florence si j’y étois selon ma naissance, j’y serois autant au dessus de vous que mes prédécesseurs y étoient au-dessus des vôtres il y a quatre cents ans. » Je me tournai ensuite vers ceux qui étoient présens, et je leur dis : « Vous voyez, messieurs, que le sang français s’émeut aisément contre la faction d’Espagne. » Le grand duc et le cardinal doyen eurent l’honnêteté de ne se point aigrir de cette parole ; et le marquis Riccardi, ambassadeur du premier, me dit au sortir du conclave qu’elle lui avoit même plu, et qu’il avoit blâmé le cardinal Jean-Charles.

Il y eut une autre scène quelques jours après, qui me fut assez heureuse. Le duc de Terranova, ambassadeur d’Espagne présenta un mémorial au sacré collége à propos de je ne sais quoi, dont je ne me souviens point ; et il donna dans ce mémorial la qualité de fils aîné de l’Église au Roi son maître. Comme le secrétaire du collége le lisoit, je remarquai cette expression, qui ne fut point, à mon sens, observée par