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m’abandonner. J’allai à Saint-Jean-de-Latran fort accompagné. J’y pris ma place, j’assistai au service : je saluai fort civilement, en entrant et en sortant, messieurs les cardinaux de la faction. Ils se contentèrent de ne me point rendre le salut, et je revins chez moi très-satisfait d’en être quitte à si bon marché. J’eus une pareille aventure à Saint-Louis, où le sacré collége se trouva le jour de la fête du patron de cette église. Comme j’avois su que La Bussière qui est présentement maître de chambre des ambassadeurs à Rome, et qui étoit en ce temps-là écuyer de M. de Lyonne, avoit dit publiquement que l’on ne m’y souffriroit pas, je fis toutes mes diligences pour obliger le Pape à prévenir ce qui pourroit arriver. Je lui en parlai à lui-même avec force : il ne se voulut jamais expliquer. Ce n’est pas que d’abord que je lui en parlai il ne me dît qu’il ne voyoit pas ce qui me pouvoit obliger de me trouver à des cérémonies dont je me pouvois fort honnêtement excuser, sur les défenses que le Roi avoit faites de m’y recevoir. Mais comme je lui répondis que si je reconnoissois ces ordres pour des ordres du Roi, je ne voyois pas moi-même comme je me pourrois défendre d’obéir à ceux par lesquels Sa Majesté commandoit tous les jours de ne me point reconnoître comme archevêque de Paris, il tourna tout court. Il me dit que c’étoit à moi de me consulter ; il me déclara qu’il ne défendroit jamais à un cardinal d’assister aux fonctions du sacré collége ; et je sortis de mon audience comme j’y étois entré. J’allai à l’église de Saint-Louis, en état d’y disputer le pavé. La Bussière arracha de la main du curé l’aspergés, comme il me vouloit présenter l’eau bénite, qu’un de mes gentils-