Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/39

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faire à la couronne, il n’approuvoit ni ne concouroit à rien de ce que M. le prince avoit fait à cet égard ; mais qu’à la réserve de cet article il étoit résolu de ne plus garder de mesures, et de faire comme lui ; de lever des hommes et de l’argent, de se rendre maître des bureaux, de se saisir des deniers du Roi, et de traiter comme ennemis ceux qui s’y opposeroient, en quelque forme et manière que ce pût être. Je croyois que Son Altesse Royale pouvoit ajouter que la compagnie n’ignoroit pas que le peuple de Paris étant aussi bien intentionné pour lui qu’il l’étoit, il lui étoit plus aisé d’exécuter ce qu’il proposoit que de le dire ; mais que la considération qu’il avoit pour elle faisoit qu’il vouloit bien lui donner part de sa résolution avant que de la porter à l’hôtel-de-ville, où il étoit résolu de la déclarer dès l’après-dînée, et d’y délivrer en même temps les commissions. Je supplie monsieur de se ressouvenir que, lorsque je lui proposai ce parti, je pris la liberté de l’assurer sur ma tête que ce discours étant accompagné des circonstances que je lui marquai en même temps, c’est-à-dire d’assemblée de noblesse, de clergé, du peuple, ne recevroit pas un mot de contradiction. J’allai plus loin : et je me souviens que je lui dis que le parlement, qui n’y donneroit le premier jour que par étonnement, y donneroit le second du meilleur de son cœur. Les compagnies sont ainsi faites ; et je n’en ai vu aucune dans laquelle trois ou quatre jours d’habitude ne fassent recevoir pour naturel ce qu’elles n’ont même commencé que par contrainte. Je représentai à Monsieur que quand il auroit mis ses