Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/85

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c’est particulièrement en cet endroit où il faut reconnoître qu’il y a des fautes qui ne sont pas tout-à-fait humaines. Vous ne serez pas surprise de celles de Monsieur ; mais je le suis encore de celles de M. le prince, qui étoit dès ce temps-là l’homme du monde naturellement le moins propre à les commettre. Sa jeunesse, son élévation, son courage, lui pouvoient faire faire de faux pas d’une autre nature, desquels on n’eût pas eu sujet de s’étonner. Ceux que je vais marquer ne pouvoient avoir aucun de ces principes; on leur en peut encore moins trouver dans les qualités opposées, desquelles homme qui vive ne l’a jamais pu soupçonner. Et c’est ce qui me fait conclure que l’aveuglement dont l’Écriture nous parle si souvent est même humainement sensible et palpable quelquefois dans les actions des hommes. Y avoit-il rien de plus naturel à M. le prince, ni plus selon son inclination, que de pousser sa victoire et d’en prendre les avantages qu’il eût pu apparemment tirer, s’il eût continué à faire agir en personne son armée ? Il l’abandonna, au lieu de prendre son parti, à la conduite de deux novices ; et les inquiétudes de M. de Chavigny, qui les rappelle à Paris sur un prétexte ou sur une raison qui au fond n’avoit point de réalité, l’emportent dans son esprit sur son inclination toute guerrière, et sur l’intérêt solide qui l’eût dû attacher à ses troupes. Y avoit-il rien de plus nécessaire à Monsieur et à M. le prince que de fixer, pour ainsi dire, le moment heureux dans lequel l’imprudence du cardinal venoit de livrer à leur disposition le premier parlement du royaume, qui avoit balancé à se déclarer jusque là, et qui avoit fait de temps en temps des démarches, non pas seule-