Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/89

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lement. Je sais bien que les douceurs naturelles de Monsieur, jointes à l’ombrage que monsieur son cousin lui donnoit toujours, l’obligeoient quelquefois à dissimuler ; mais je sais bien aussi qu’il eut lui-même trop de douceur en ces rencontres ; et que s’il eût pris les choses sur le ton qu’il les pouvoit prendre dans le moment que la cour lui donna si beau jeu, il eût soumis Paris et Monsieur même à sa volonté sans violence. La même vérité qui m’oblige à remarquer la faute m’oblige à en admirer le principe ; et il est si beau à l’homme du monde du courage le plus héroïque d’avoir péché par excès de douceur, que ce qui ne lui a pas succédé dans la politique doit être au moins admiré et exalté par tous les gens de bien dans la morale. Il est nécessaire d’expliquer en peu de paroles ce détail.

M. le procureur général Fouquet, connu pour mazarin, quoiqu’il déclamât à sa place contre lui comme tous les autres, entra dans la grand’chambre le 17 avril ; et, en présence de M. le duc d’Orléans et de M. le prince, requit, au nom du Roi, que M. le prince lui donnât communication de toutes les associations et de tous les traités qu’il avoit faits et dedans et dehors le royaume. Et il ajouta qu’en cas que M. le prince le refusât, il demandoit acte de sa réquisition, et de l’opposition qu’il faisoit à l’enregistrement de la déclaration que M. le prince venoit de faire, qu’il poseroit les armes aussitôt que M. le cardinal Mazarin seroit éloigné.

M. Menardeau opina publiquement, dans la grande assemblée de l’hôtel-de-ville qui fut faite le 10 avril, à ne point faire de remontrances contre le cardinal,