Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/97

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public tous les avantages qu’il lui plaisoit. Ce dernier parti eût été d’un innocent : l’autre étoit impraticable, et par les engagemens que j’avois sur cet article particulier avec la Reine, et par la disposition de Monsieur, qui me vouloit toujours tenir en lesse pour me lâcher en cas de besoin. Je ne pouvois éviter le troisième sans faire des pas vers la cour, desquels M. le cardinal n’eût pas manqué de se servir pour me perdre. En voici un exemple :

Aussitôt que j’eus reçu la nouvelle de ma promotion, j’envoyai Argenteuil au Roi et à la Reine pour leur en rendre compte ; et je lui donnai charge expresse de ne point voir M. le cardinal, auquel j’étois bien éloigné, comme vous avez vu, de m’en croire obligé, et que j’étois bien aise de plus de marquer, par une circonstance de cette nature, et dans le parlement et dans le peuple pour mon ennemi. Monsieur eut l’honnêteté ou la prudence de me dire de lui-même qu’il avouoit que l’ordre que je donnois sur cela à Argenteuil étoit nécessaire ; mais qu’il y falloit toutefois un retentum (ce fut son mot) ; et qu’en l’état où étoient les choses, et où elles seroient peut-être quand il arriveroit à Saumur, où la cour étoit à cette heure-là, il étoit à propos de lui laisser la bride plus longue, et de ne lui point ôter la liberté de conférer secrètement avec le cardinal s’il le souhaitoit, et si madame la palatine, à qui j’adressois Argenteuil pour le présenter à la Reine, croyoit qu’il y pût avoir quelque utilité. « Que savons-nous, ajouta Monsieur, si par l’événement cela ne pourra pas être bon à quelque chose, même pour le gros des affaires ? La bonne conduite veut que l’on ne perde