Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/96

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ne les veux pas rompre, et je n’ai présentement qu’à me soutenir. »

Je vous ai déjà dit que l’obligation de voir Monsieur très-souvent me força à ne pas garder toutes les apparences de cette inaction. Je me trouvai nécessité à ne la pas même observer pleinement et entièrement, par les criailleries des partisans de M. le prince, qui m’attaquèrent par leurs libelles, comme fauteur du Mazarin. Je fus obligé d’y répondre : et cet éclat, joint à la cour assidue que je faisois au Luxembourg, qui paroissoit d’autant plus mystérieuse qu’elle sembloit couverte par la raison que vous avez déjà vue, quoiqu’elle fût publique ; cet éclat, dis-je, fit trois effets très-mauvais contre moi. Le premier fut qu’il fit croire, même aux indifférens que je ne pouvois demeurer en repos ; le second, qu’il persuada à M. le prince que j’étois irréconciliable avec lui ; et le troisième, qu’il acheva d’aigrir au dernier point la cour contre moi, parce que je ne me pouvois défendre contre les libelles de M. le prince qu’en insérant dans les miens des choses qui ne pouvoient être agréables à M. le cardinal. Cet embarras n’étoit évitable que par des inconvéniens qui étoient encore plus grands que l’embarras. Je ne me pouvois défendre du premier que par une retraite entière, qui n’eût été ni de la bienséance, dans un temps où on l’eût attribuée à la peur qu’on eût cru que j’eusse eue de M. le prince, ni du respect et du service que je devois à Monsieur dans un moment où ma présence, au moins selon qu’il se l’imaginoit, lui étoit nécessaire. Je ne pouvois me parer du second qu’en me raccommodant avec M. le prince, ou en lui laissant prendre contre moi dans le