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DE CONRART. [1652]

aussi blessé, mais non pas dangereusement ; le marquis de Congnée le fut fort d’un coup de mousquet dans le corps ; et Holach, capitaine allemand, aussi. Enfin le combat fut rude pour les personnes de qualité.

M. de Beaufort alla plusieurs fois par les rues exciter les bourgeois de sortir pour les secourir ; mais il ne fut suivi de personne. Des gens de la part de M. d’Orléans firent la même chose, avec un ordre en main signé de lui, mais avec aussi peu d’effet ; et c’est une chose admirable que le peuple, étant aussi favorable qu’il est aux princes, ne fut ému en aucune façon, les voyant en si grand péril ; car sans la retraite de Paris, ils étoient perdus sans ressource. Il sortit quelque nombre de bourgeois en armes, sans savoir ce qu’ils faisoient.

L’après-dînée, il se fit une assemblée dans chaque quartier, où six officiers et six bourgeois furent nommés pour assister à une assemblée générale qui se tint, le jeudi 4, en l’hôtel-de-ville, où tous les curés furent aussi conviés de se trouver, pour aviser à la sûreté de la justice et de la ville. Quelques compagnies furent commandées pour en garder les avenues, entre autres une de la rue Saint-Martin, dont un marchand nommé Trottier avoit été fait capitaine depuis peu, en la place de Méliand, conseiller de la grand chambre. Ce Trottier avoit toujours négocié en Espagne, comme étant d’humeur séditieuse et ligueuse ; il étoit aussi grand frondeur. Son lieutenant, nommé Pijart, marchand de fer, ne l’étoit pas moins ; et comme les longueurs qu’on avoit apportées, en traitant de la paix sans aucun succès, avoient extrêmement aigri les esprits, presque tous ceux de la compagnie étoient