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[1652] MÉMOIRES

de ce que M. le prince s’étoit fâché de ce qu’il avoit dit au parlement ; qu’il n’avoit eu aucune intention de lui déplaire, et qu’il voudroit n’avoir pas dit les choses qu’il avoit trouvées mauvaises. Ayant écrit cette lettre, Jarzé la montra à M. le prince, lequel lui dit qu’il n’étoit plus fâché contre Croissy, et qu’il vouloit bien qu’il l’amenât dîner chez lui : ce que fit Jarzé de suite ; et lorsque Croissy lui voulut parler de ce qui s’étoit passé, et lui en faire quelque excuse, M. le prince lui dit : « Ne parlons plus de tout cela ; dînons. »

On jugea dès-lors que Rohan auroit force querelles à cause de cette vérification, aussi bien que pour ce qui s’étoit passé entre lui et Tonquedec chez la marquise de Sévigné ; car Tonquedec, qui s’étoit échappé de Paris, avoit fait proposer à Rohan par Vassé de se battre, et il s’y étoit engagé dès qu’il pourroit se défaire de son garde ; mais voyant qu’il n’en avoit point de nouvelles, il crut qu’il valoit mieux qu’il lui fît parler par Chavagnac[1], qui étoit toujours à Paris aussi bien que Rohan, et du parti des princes comme lui : si bien que Chavagnac lui parla, et le pria que dès qu’il se pourroit échapper de son garde il le lui fît savoir, et qu’il ne s’adressât à personne qu’à lui. Au lieu de cela néanmoins Rohan écrivit à Vassé, sous prétexte de ce qu’il lui avoit parlé le premier ; mais Vassé, qui avoit été si long-temps sans avoir de ses nouvelles, et qui savoit que Tonquedec se plaignoit de lui et qu’il lui avoit fait parler par Chavagnac, montra son billet à tout le monde.

  1. Par Chavagnac : Gaspard, comte de Chavagnac. On a de lui des Mémoires assez curieux ; Besançon, 1699,2 vol. in-12.