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DE CONRART.

le mari étant revenu de Pontoise, parle à la sœur, femme de Galland, à la femme de Garnier, à celle de Pelaud, et à celle de Sanguin, qui étoient ses confidentes ordinaires et ses conseillères d’État. Elles lui donnèrent toutes le tort, dirent que sa femme avoit grand sujet de se plaindre de lui, et qu’il devroit mourir de honte de la traiter mal comme il faisoit. La femme de Garnier, entre autres, lui dit tout ce que la rage lui put inspirer, croyant en avoir plus de droit que les autres, parce qu’elle le connoissoit de plus long-temps, et qu’elle avoit aidé à faire le mariage ; elle lui dit donc qu’il étoit un lâche et un ingrat, qu’il ne méritoit pas d’avoir rencontré une femme vertueuse et riche comme étoit la sienne ; qu’il avoit toujours été sans honneur, sans amitié, et même sans humanité ; que pendant que son père étoit en exil à la suite de M. d’Orléans, persécuté à outrance par le cardinal de Richelieu, il recevoit tout le revenu du bien de la maison que l’on avoit pu mettre à couvert ; et qu’au lieu de le faire tenir à son père, qui en avoit très-grand besoin, il l’employoit ici à des meutes de chiens et autres équipages de chasse, et à se donner du plaisir de toutes façons ; qu’il avoit maltraité même jusqu’à ses maîtresses, parce qu’ayant été autrefois amoureux de la présidente Tambonneau, un jour qu’il l’attendoit chez elle le soir, au retour de la promenade, s’étant caché derrière la porte, il aperçut le comte d’Aubijoux qui la ramenoit à sa porte dans son carrosse ; et que l’ayant descendue, elle avoit crié tout haut : « Madame, je suis votre servante très-humble, » pour faire croire au Coigneux, qu’elle avoit reconnu en arrivant, qu’elle