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DE CONRART.

l’aumône, et saisit la bride de son cheval, pendant que les autres le lèvent par un pied, et le jettent de l’autre côté. Il mit la main au pistolet ; mais les autres avoient leurs épées nues, et étoient en trop grand nombre pour leur résister ; si bien qu’il fut obligé de remettre son pistolet dans le fourreau, et de suivre les soldats, qui le menèrent au fort l’Évêque. Il en donna incontinent avis à ses sœurs, qui commencèrent à pester contre le président Le Coigneux, disant que c’étoit lui qui avoit fait faire cette pièce à leur frère pour leur faire déplaisir, et qu’il s’en falloit venger. Cependant, de douleur ou de dépit, la présidente tombe en foiblesse, on court, on crie au secours ! dans tout son appartement. Le président entendant du bruit, et en sachant le sujet, n’osa monter en haut, de peur de trouver les portes barricadées à l’ordinaire, et de trouver ces femmes encore plus en fureur contre lui que jamais. Il envoya prier la femme de Garnier, qui y étoit, de descendre : ce qu’ayant fait, il lui dit que si sa femme le vouloit prier d’aller délivrer son frère, il s’y en iroit du même pas, et le rameneroit sans qu’il lui en coûtât un sou ; mais qu’à moins que de l’en prier, il n’iroit point, parce qu’il ne vouloit rien faire pour celui qui étoit en prison, comme ayant fort mal vécu avec lui. La femme de Garnier remonte, et fait cette proposition aux deux sœurs, qui d’un commun accord la rejettent ; et parce que, nonobstant leur refus, elle vouloit redescendre, et dire au président que sa femme le prioit donc d’aller mettre son frère en liberté, elles l’enfermèrent, et envoyèrent quérir Galland, à qui elles dirent qu’il falloit qu’il s’en allât à