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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/268

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MÉMOIRES

tion ; de sorte qu’étant saisi de frayeur, comme il l’avoue lui-même, il leur dit qu’il les prioit de lui donner un peu de temps pour penser à son âme, parce qu’elle étoit en très-mauvais état. Mais quand il fut hors de péril, et qu’il eut considéré de quelle manière il avoit été traité, il jugea que ce pouvoit bien être M. de Candale qui lui avoit fait faire cette insulte, parce qu’il avoit déjà ouï parler du discours qu’il l’accusoit d’avoir tenu ; et le bruit commun lui confirma bientôt que la chose étoit ainsi. Il nie pourtant avoir jamais tenu ce discours de M. de Candale, et dit que la véritable cause de son mécontentement vient de ce qu’étant tous deux amoureux de madame de Gouville[1], M. de Candale, qui savoit que Bartet étoit mieux traité que lui, en eut du dépit, et prit cette occasion de la raillerie des canons et des manchettes pour lui faire faire un affront. Il ajoute que M. de Candale se plaint aussi de ce qu’il lui a rendu de mauvais offices auprès du cardinal Mazarin, et que même avant tout cela il étoit arrivé chez madame de Nouveau[2] une chose qui l’avoit fâché, et que Bartet conte de cette sorte. Il dit donc que M. de Candale étant dans une chambre avec…, et lui ayant rencontré madame Cornuel dans une autre, elle étoit venue au devant de lui, et lui avoit demandé s’il trouvoit que ce fût bien parler que de dire un esprit fretté ? À quoi il répondit qu’elle s’adressoit bien

  1. Madame de Gouville : Lucie de Cottentin de Tourville, femme de Michel d’Argonge, marquis de Gouville.
  2. Madame de Nouveau : La femme de Jérôme de Nouveau, surintendant général des postes, homme ridicule, dont La Bruyère s’est moque sous le nom de Ménalippe.