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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/273

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DE CONRART.

SUR LE PRÉSIDENT DE NESMOND.[1]

Le président de Nesmond, second président du parlement de Paris, ayant été nommé entre les juges de la chambre de justice, y assista jusqu’au mois de… 1664[2], qu’étant tombé malade d’une fièvre quarte, on prit cette occasion de travailler sans lui, parce qu’on le soupçonnoit d’être plus favorable à M. Fouquet que l’on n’eût voulu. Cette fièvre quarte lui ayant duré jusque vers la fin du mois de novembre, il lui survint un érysipèle à une cuisse, qui fît espérer d’abord qu’il en pourroit être soulagé ; mais le 29, en le débandant, les médecins reconnurent des marques de gangrène, qui leur firent juger que la chaleur naturelle étoit éteinte, et qu’il ne dureroit tout au plus que jusqu’au lendemain. Dans ce danger si surprenant et si pressant, on crut qu’il l’en falloit avertir, et lui faire recevoir les sacremens sans retardement. Madame de Miramion[3], qui est extrêmement dévote, et dont la fille a épousé le fils aîné du président de Nesmond, se chargea de lui annoncer cette nouvelle, dont il fut grandement étonné. Elle lui proposa d’abord de se confesser, et il témoigna qu’il s’y disposeroit pour le lendemain, qui étoit le jour de Saint-

  1. Manuscrits de Conrart, tome 13, page 629.
  2. Le président de Nesmond assista aux séances de la chambre de justice jusqu’au vendredi 10 octobre 1664. (Journal manuscrit de M. d’Ormesson.)
  3. Madame de Miramion : Marie Bonneau, veuve de Jean-Jacques de Beauharnais, seigneur de Miramion. Elle fonda les filles de la Sainte-Famille, qui, réunies à celles de Sainte-Geneviève, furent appelées miramionnes.