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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/274

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MÉMOIRES

André, et le premier dimanche de l’avent. Mais voyant qu’il ne comprenoit pas l’extrémité de son mal, elle lui dit nettement qu’il n’y avoit pas de lendemain pour lui : et sur cela on fit venir son confesseur, et on lui apporta les sacremens. Étant mort sur les onze heures du soir, le premier président[1], frère de sa femme, reçut les visites de la plupart de messieurs de la grand’chambre, et particulièrement des présidens à mortier, durant tout le dimanche, et leur témoigna qu’il avoit dessein de faire prendre place le lendemain de grand matin à son neveu, fils aîné du défunt, reçu depuis quelques années en survivance, les priant de s’y trouver de bonne heure pour favoriser cette installation. Il envoya même jusqu’à dix heures du soir chez ceux qu’il crut être plus de ses amis, leur recommander de se rendre au Palais dès quatre heures du matin, et d’y entrer par chez lui[2]. Ensuite il fit fermer toutes les portes du Palais ; et son neveu s’étant rendu auprès de lui à deux ou trois heures du matin, il le mena à la grand’chambre, où il se trouva jusqu’à quinze juges, qui rendirent des arrêts où il opina. Après cela il alla prendre sa place à la chambre de la Tournelle, où le président Le Coigneux présida ; et le président de Mesmes, qui y présidoit auparavant, alla prendre sa place à la grand’chambre.

Tout cela se faisoit avec tant de précautions, à cause que le fils aîné du président de Longueil de Maisons,

  1. Le premier président : Guillaume de Lamoignon.
  2. On lit dans le journal manuscrit de M. d’Ormesson : « Le lundi premier décembre (1664), fus dès quatre heures du matin au Palais par la porte des écuries, où tous les amis de M. le premier président et de M. de Nesmond étoient avertis d’aller pour installer M. de Nesmond à la place de monsieur son père. Chacun sait cette affaire. »