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SUR LE PÈRE BERTHOD.

Le parlement de Guienne, comme celui de Paris, avoit suivi le parti des princes ; mais il ne tarda pas à reconnoître qu’en s’éloignant du trône il avoit lui-même sapé son autorité ; et, pour prix de sa révolte, il lut abreuvé d’humiliations.

Une faction populaire s’étoit formée dans Bordeaux. Des hommes de la dernière classe du peuple, excités et dirigés par quelques meneurs, se réunissoient près des ruines du château du Ha, sur une vaste esplanade plantée d’ormes, d’où cette assemblée séditieuse prit le nom d’Ormée. La haine qu’avoit inspirée le duc d’Epernon, par sa hauteur et ses exactions, servit de prétexte à ces mouvemens tumultueux. Les ormistes, à l’exemple des ligueurs, eurent leurs articles d’union[1] ; ils eurent aussi leurs prodiges et leurs augures[2]. Leurs décisions furent qualifiées de plébiscites[3], et revêtues d’un sceau sur lequel on voyoit un ormeau entortillé d’un serpent, avec ces mots : Estote prudentes sicut serpentes ; et au revers la Liberté, entourée de l’exergue : Vox populi, vox Dei[4].

Le parlement défendit, par arrêt du 5 avril 1652, de s’assembler ailleurs que dans la maison de ville[5]. Cette injonction ayant été méprisée par les factieux, le parlement en ordonna de nouveau l’exécution ;

  1. Articles de l’union de l’Ormée en la ville de Bordeaux, dans la collection de Mazarinades de la bibliothèque de l’Arsenal, tome 75, pièce 52.
  2. Histoire véritable d’une Colombe qui a paru miraculeusement en l’Ormaye de Bordeaux le 15 avril 1652 ; Paris, Chevalier, 1652, même volume, pièce 24.
  3. La généreuse Résolution des Gascons, même volume, pièce 36, page 7.
  4. Ibid., pages 3 et 7 ; et le Manifeste des Bourdelois dans le même volume, pièce 42, page 5.
  5. Huitième Courrier bourdelois ; Paris, 1652, page 5, même volume, pièce 68.