Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
316
[1652] MÉMOIRES

du Roi de s’assembler et d’élire des officiers, afin de se rendre plus aisément et avec plus d’autorité maîtres de ces deux places et de la porte Saint-Antoine, et un ordre en blanc pour le remplir du nom de celui qui seroit le chef de l’entreprise, qu’on ne vouloit point nommer dans le mémoire, de peur que l’affaire ne se découvrît.

Ce dessein, après avoir été examiné dans le conseil secret, fut approuvé ; et l’on écrivit à ceux qui travailloient à Paris de tenir les choses en état pour être exécutées lorsque le Roi en donneroit les ordres.

Cette résolution de la cour, et l’approbation qu’on y faisoit du dessein de la Bastille et de l’Arsenal, augmenta le courage de M. Le Prévôt, de M. Du Fay et de leurs correspondans, qui ne manquoient point les occasions d’exciter les bourgeois à rentrer dans le service du Roi, et à abandonner le parti des princes ; et cela se faisoit avec tant de succès, que si, huit jours après que M. le cardinal s’en fut allé, le Roi fût venu à Saint-Germain ou à Saint-Denis, plus de cinquante mille hommes eussent été au devant de Sa Majesté.

M. le prince, qui voyoit un changement si soudain dans l’esprit du peuple, remuoit toutes sortes de machines pour empêcher qu’on abandonnât son parti. Il intimidoit les uns par les menaces, il faisoit faire des promesses très-avantageuses aux autres, et il avoit des gens qui remplissoient la ville de faux bruits, disant que la Reine ne vouloit point la paix ; qu’elle avoit refusé des passe-ports aux députés des princes que M. le cardinal étoit de retour auprès du Roi ; qu’il étoit incognito dans Compiègne ; que la cour