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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

gociation au cardinal de Retz, ils eussent été au désespoir : tout eût été découvert, l’affaire étoit perdue, et rien ne se fût passé qu’il n’en eût averti M. d’Orléans : et quand même il auroit gardé le secret, les bons bourgeois avoient une si horrible aversion de lui, qu’ils vouloient tout abandonner s’il en avoit la moindre connoissance.

Les principaux frondeurs, qui voyoient que les serviteurs du Roi grossissoient leur parti, se vouloient faire de fête pour rentrer dans le bon chemin ; mais c’étoit par leur intérêt, et non pas pour l’inclination qu’ils eussent au service de Sa Majesté. Le président de Maisons, auquel on avoit ôté la surintendance et la capitainerie de Saint-Germain, dit à mademoiselle Guérin de prier le père Berthod d’écrire à la Reine que si on lui vouloit rendre ses charges, il iroit à Pontoise, et meneroit une douzaine de conseillers avec lui. Le père Berthod en écrivit un mot ; mais la cour se moqua de cette proposition.

Cependant les bourgeois, qui avoient su que le Roi avoit envoyé des ordres très-exprès pour leur permettre de s’assembler, allèrent trouver M. Le Prévôt pour lui dire qu’ils avoient jugé à propos de ne plus différer à se déclarer, et qu’ils avoient résolu de s’assembler le lendemain, qui étoit le mardi 24 septembre, à dix heures du matin, dans le Palais-Royal ; et ils le prièrent de trouver bon qu’on fît courir les billets pour cela. M. Le Prévôt y consentit ; et dès le même moment on envoya chez les plus affectionnés, afin qu’ils avertissent leurs amis de cette assemblée, et qu’ils les obligeassent d’y aller.

Ce lendemain étant arrivé, à la pointe du jour on