Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
333
DU PÈRE BERTHOD. [1652]

En troisième lieu, que Sa Majesté sera aussi très-humblement suppliée de faire retirer ses troupes des environs de Paris, et de les envoyer dans les pays ennemis, ou du moins sur les frontières du royaume, pour sa conservation, sur l’assurance que l’on donnera de courir sur les troupes du prince de Condé s’il ne les fait retirer, et que lui-même ne se mette en son devoir.

Il faut être espagnol, et se déclarer ouvertement rebelle et perturbateur du repos public, pour ne se pas joindre à l’exécution de ce projet, et se résoudre à être maudit et exterminé par le peuple.

Et afin que l’on puisse discerner les bien intentionnés au service du Roi et de la patrie, ils porteront à leur chapeau un ruban blanc ou du papier, au lieu de paille, que l’artifice et la tyrannie du prince a fait porter à tous les habitans de Paris. »

Ce manifeste étant affiché par tous les carrefours et aux places publiques, donna sujet à quantité de bourgeois, qui ne savoient pas qu’on se devoit assembler, d’aller au Palais-Royal de bon matin ; et sur les neuf heures il se trouva rempli de plus de quatre mille personnes, dont il y en avoit les trois quarts des plus riches bourgeois, parmi lesquels étoient des conseillers du parlement, des trésoriers de France, des secrétaires du Roi, des gentilshommes, et beaucoup d’honnêtes gens ; le reste étoit du menu peuple.

Dans cette conjoncture et assemblée, M. Le Prévôt de Saint-Germain harangua si éloquemment pour le bien de la paix et pour le service du Roi, qu’il fit pleurer une grande partie de l’assemblée ; et au même temps qu’il eut achevé, ce furent des acclamations