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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

gencé, gentilhomme servant de Sa Majesté, servit admirablement, aussi bien que dans d’autres occasions : tellement que le premier effet que produisit cette assemblée fut d’intimider le palais d’Orléans, et d’obliger d’envoyer des passe-ports aux six corps, que Son Altesse Royale avoit toujours jusques alors refusés[1].

Pendant ce temps-là les échevins et le prévôt des marchands s’assemblèrent à l’hôtel-de-ville, où l’appréhension les prit jusqu’au point que M. Broussel fit la démission de sa charge de prévôt des marchands, en laquelle il avoit été élu le jour de l’incendie et du massacre de l’hôtel-de-ville ; et les nouveaux échevins en firent de même de leur échevinage.

D’autre côté, les amis de M. le prince faisoient tout leur possible pour détourner les bourgeois de continuer leurs assemblées ; et pour le leur mieux persuader ils leur faisoient entendre que le Roi n’agréoit pas M. Le Prévôt pour chef de l’assemblée, parce qu’il étoit conseiller au parlement, et que ce qui la lui avoit fait convoquer étoit pour mettre sa compagnie à couvert. Mais ces frondeurs ne disoient pas que M. Le Prévôt avoit ordre très-exprès du Roi et de la Reine d’agir dans Paris pour toutes les choses qui regardoient le service de Sa Majesté ; aussi ne le savoient-ils peut-être pas.

Toute l’après-dînée se passa, dans la rue de Saint-

  1. Le cardinal de Retz dit que le maréchal d’Etampes dissipa l’assemblée en deux ou trois paroles. Puis il montre son esprit de faction et de révolte dans ces mots qui le peignent : « Si Monsieur et M. le prince se fussent servis de cette occasion comme ils le pouvoient, le parti du Roi étoit exterminé ce jour-là dans Paris pour très-long-temps. » (Voy. les Mémoires du cardinal de Retz, t. 46, p. 184, de cette série.)